miércoles, 14 de diciembre de 2011

Une langue se meurt! Fin de l'enseignement de l'inuit au Canada

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La communauté inuite de Ivujivk, au Nunavik, représente le village le plus au Nord du Québec.
Photo: Justin Nobel Presse canadienne

La dernière classe d'inuit

L’absence de relève en la matière met un point final à l’enseignement de cette langue à l’Université 
Le 16 décembre prochain, Louis-Jacques Dorais, professeur au Département d’anthropologie et spécialiste de la langue inuite, donnera son dernier cours avant de prendre sa retraite, lui qui a enseigné au Département pendant presque 40 ans. Il ne pourra malheureusement pas passer le flambeau à un autre enseignant puisqu’il est pratiquement le seul à enseigner cette langue au Québec. «Le cours ne disparaît pas à cause d’un manque d’intérêt des étudiants, mais parce que la relève en la matière est inexistante, explique Louis-Jacques Dorais. Il y a bien quelques Inuits à Québec, mais ils ne possèdent aucune formation pour enseigner la langue.» À sa connaissance, l’inuit n’est pas enseigné ailleurs au Québec qu’à l’Université Laval. «Il y a déjà eu – ou il y a peut-être encore – des cours qui sont offerts à Ottawa, ainsi qu’à Iqaluit, la capitale du Nunavut, souligne ce docteur en sémantique inuite. Sinon, il faut aller à Paris, où l’Institut des langues et civilisations orientales offre un programme de formation en langue et culture inuites.»

Une grammaire complexe
De qui se compose la clientèle des cours de cette langue qui s’est constituée à la suite de migrations venues d’Asie par le détroit de Béring et dont les représentants se seraient implantés dans le sud-ouest de l’Alaska il y a environ 6 000 ans? Louis-Jacques Dorais se souvient que, lorsqu’il a commencé à enseigner l’inuit comme chargé de cours en 1972, la classe comptait quatre ou cinq étudiants à la maîtrise en anthropologie. Ces étudiants participaient tous à des projets de recherche sur les Inuits. Au fil des ans, le nombre d’étudiants a augmenté et la clientèle s’est diversifiée. «Ces dernières années, il pouvait y avoir de 20 à 25 étudiants, indique Louis-Jacques Dorais. La majorité d’entre eux étaient inscrits en anthropologie, tandis que d’autres étudiaient en biologie et souhaitaient apprendre les rudiments de la langue avant de s’envoler vers le Nord pour leurs projets de recherche. Il y avait aussi des étudiants en linguistique ou encore des personnes qui désiraient tout simplement apprendre une langue autochtone.» Selon le professeur Dorais, la langue inuite n’est pas si difficile à apprendre, même si la grammaire est assez complexe. «Par rapport à la langue française, il s’agit d’une façon différente de construire les mots, explique-t-il. L’inuit compte 3 000 radicaux et de 300 à 400 affixes. Avec un matériel de base, on peut faire un nombre illimité de mots. On peut même exprimer en un seul mot des choses qui demandent une phrase en français.»

Choisir l’anglais
Il existe actuellement environ 170 000 Inuits dans le monde, répartis au Canada, en Alaska, au Groenland et à l’extrême nord-est de la Russie, mais seulement 120 000 d’entre eux parlent encore la langue inuite. Dans l’Ouest du Canada et en Alaska, où les parents ne parlent que l’anglais, cette langue n’est plus transmise. Plus près de nous, au Nunavik, l’enseignement de l’inuit s’arrête en 4e année du primaire. Après, les études se poursuivent en anglais. «Au milieu des années 1960, personne ne parlait anglais au Nunavik, affirme Louis-Jacques Dorais. Aujourd’hui, la plupart des gens qui ont 60 ans et plus sont bilingues, c’est-à-dire qu’ils parlent anglais et inuit.» Là où le bât blesse, c’est que la plupart des Inuits choisissent l’anglais pour communiquer avec leurs pairs, essentiellement parce qu’ils trouvent cela plus pratique et plus efficace. Et cela est évidemment très dangereux pour la survie de la langue inuite, de conclure Louis-Jacques Dorais.

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