viernes, 10 de mayo de 2013

Rosa Lopez Diaz Prisonnere adhérente aux solidaires de la Voz del Amate

BRÈVE HISTOIRE DE ROSA ET DE SA DÉTENTION

Rosa López Díaz, est née le 2 décembre 1978 à San Cristóbal de Las Casas au Chiapas. Comme pour son compagnon Alfredo, sa langue maternelle est le tsotsil. Elle a un fils de 3 ans. Avant d’être arrêtée Rosa travaillait en tant que commerçante au marché et vendait des vêtements.

Rosa López Díaz a été arrêtée le 10 mai 2007 avec son époux Alfredo dans le parc central de San Cristobal de Las Casas, par des personnes habillées en civil, qui ne se sont pas identifiées. Elles l’ont rapidement fait tomber au sol. Elle a entendu son époux leur demander de s’identifier, mais ils ne l’ont pas fait. Ils l’ont conduite jusqu’à une camionnette et lui ont couvert les yeux. Après quelques heures, ils l’ont descendue les yeux toujours bandés et ils ont commencé à la frapper. Ils l’ont torturée en lui couvrant la tête avec un sac tandis que dans sa bouche ils avaient placé un chiffon mouillé avec l’intention de l’asphyxier. Ils l’ont frappée à l’estomac. Elle leur a demandé d’arrêter parce qu’elle était enceinte, mais ils ne se sont pas arrêtés. Puis ils l’ont fait remonter dans la camionnette, et l’ont amenée jusqu’à un lieu qu’elle ne connaissait pas. Là elle a compris qu’elle était toute seule, sans son époux. Ils l’ont maintenue à genoux, menottée, yeux bandés. Elle leur a demandé : « Qu’est ce qui se passe ici ? » La réponse qu’elle a obtenue fut : « Ce n’est pas tes affaires, de toute façon t’es
 foutue ! »

Rosa raconte: « J’ai pleuré, j’ai pleuré, je ne savais pas que ça allait m’arriver. J’ai pleuré pour ma famille, pour ma mère. Je ne sais pas comment décrire la peur que j’ai ressentie. Ils continuaient à me crier : « Tu ne te sauveras pas d’ici. De là où nous allons t’emmener, tu ne sortiras pas. Tu ne bougeras pas. Si tu tentes quelque chose, c’est ici que tu meurs”. » Rosa pleurait, et demandait qu’on ne lui fasse rien, elle dit qu’elle n’avait séquestré personne.

À peu près 40 minutes plus tard, ils l’ont amenée dans la même maison que celle où ils avaient retenu son époux. Ils ont assis Rosa contre le mur, lui ont mis les menottes, avec les yeux bandés, et ils ont commencé à la frapper. Ils l’ont de nouveau torturée. Ils ont couvert son visage avec un chiffon mouillé et l’ont recouvert d’un sac plastique, tout en frappant son estomac. Puis ils l’ont emmenée dans une autre pièce à part. Là ils l’ont déshabillée et elle a subi des violences sexuelles, ils l’ont touchée partout en la menaçant de la violer. Ils lui ont dit qu’ils voulaient qu’elle déclare que c’était bien elle qui avait séquestré Claudia Estéfani. Rosa pleurait, et demandait qu’ils ne lui fassent rien, disant qu’elle n’avait séquestré personne. "Comment puis-je dire quelque chose que je n’ai pas fait ?", a demandé Rosa. L’un des agresseurs l’a fait tomber par terre, deux autres l’ont empêchée de bouger, l’un d’entre eux s’est mis sur elle pour la violer. Rosa a dit à ce moment-là : « Ne me viole pas, je suis enceinte ». Un des agresseurs lui a alors lancé : « Si tu dis que c’est toi qui l’as fait, nous ne te ferons rien. »

Alors Rosa leur a dit oui, que c’était elle qui avait séquestré Claudia Estéfani, même si ce n’était pas vrai. De là Rosa et son mari Alfredo ont été conduits au Ministère Public où ils ont été obligés sous la torture de signer des feuilles blanches.

Une fois enfermée, elle a pu parler avec son compagnon Alfredo et lui demander s’il savait pourquoi ils étaient là. Alfredo lui a raconté que son cousin avait "volé" la fiancée, ce qui dans les villages signifie que la fiancée part avec son mari sans que celui-ci ne paie la dot.

De même que tous les membres de l’organisation « des Solidaires de la Voix de l’Amate », Rosa n’a jamais eu accès à un traducteur qualifié, qui connaît la langue et les coutumes tsotsiles. Pendant sa déposition, son avocat commis d’office, Joaquín Domínguez Trejo, a été peu présent. On a lu à Rosa sa déclaration mais, à cause de l’absence de traduction dans sa langue maternelle, elle n’a pas compris les termes juridiques. C’est pourquoi elle a refusé de signer sa déclaration. On l’a malgré tout obligée à signer. On l’a ensuite immédiatement déplacée au Centre de Réinsertion Sociale nº5 (CERSS nº5) à San Cristóbal de Las Casas, sous le chef d’accusation d’enlèvement.

CAS LÉGAL

Après 14 mois de détention préventive, elle a été condamnée à 27 ans, 6 mois et 17 jours de prison. Elle a fait appel et sa condamnation et a été réduite de 17 jours. Ce jour-là, le 13 avril 2009, c’est la dernière fois que Rosa a vu son avocat.

CONDITIONS EN TANT QUE FEMME ET PRISONNIÈRE

Rosa est la seule femme à faire partie de l’organisation des prisonniers « les Solidaires de la Voix de l’Amate » au Chiapas, adhérente à la Sexta de l’EZLN. Elle n’appartenait à aucune organisation politique avant de se faire arrêter, et c’est en prison qu’elle est devenue militante. Elle se bat tous les jours en prison pour sa liberté et celle de ses camarades de lutte. Rosa est très active et a participé à plusieurs actions de protestation à l’intérieur de la prison. Cela fait six ans qu’elle est privée de sa liberté. Pour elle, même si les conditions en tant que prisonnière, militante, mère, indigène et femme ne sont pas faciles du tout, il n’est pas question d’arrêter de se battre. Depuis la prison Rosa dénonce systématiquement le traitement que subissent les prisonnières ainsi que les conditions générales de vie dans le secteur réservé aux femmes.

Rosa était enceinte de quatre mois quand elle a été torturée. Son fils est né avec une paralysie cérébrale, à cause de la torture qu’elle a subie pendant son arrestation. À cause de ses difficultés de santé et d’une dénutrition sévère, son fils Natanael est décédé le 26 octobre 2011, à l’âge de 4 ans.

Malgré la difficulté que représente le fait d’être une activiste, une mère, une femme et une indigène, la compañera Rosa continue sa lutte avec détermination en s’impliquant dans l’organisation des Solidaires de la Voix de l’Amate. Dans une vidéo destinée à faire connaître son cas, elle a pu récemment retracer, avec ses propres mots, son histoire. Cette vidéo a été intitulée « Koltavanej » qui, en langue tsotsile, signifie « libération ».


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